Quelles réalités se cachent derrière l’adhésion d’un jeune à un gang ? Quels besoins profonds cette affiliation vient-elle combler ? Et surtout : comment prévenir, intervenir et soutenir celles et ceux qui cherchent à s’en sortir ? Autant de questions abordées dans le cours intitulé Le phénomène des gangs (JES 2015Z), offert dans le cadre du certificat d’intervention auprès des jeunes : fondements et pratiques à la Faculté de l’apprentissage continu (FAC) de l’Université de Montréal.
Dispenser un cours sur les gangs ne se limite pas à dresser la liste de leurs activités criminelles ou de leur structure hiérarchique. Avec René-André Brisebois, enseignant au programme et professionnel d’expérience dans le domaine de l’intervention, le contenu va beaucoup plus loin. Ancien chargé de cours au baccalauréat en criminologie, il combine une expertise scientifique rigoureuse avec une connaissance fine du terrain et propose un cours essentiel pour comprendre un phénomène complexe (lire l'article : Le certificat d'intervention auprès des jeunes, pour mieux comprendre et agir).
Selon lui, il faut distinguer deux types de facteurs qui influencent l’entrée d’un jeune dans un gang : ceux qui le poussent (comme la précarité, les conflits familiaux, l’insécurité dans le quartier, ou le manque de supervision parentale) et ceux qui l’attirent (comme le sentiment d’appartenance, le besoin de reconnaissance ou la quête de statut social). « On parle de forces répulsives et attractives. Les jeunes cherchent à combler des besoins fondamentaux et lorsque ceux-ci ne sont pas satisfaits dans leur environnement, ils peuvent trouver des réponses, parfois dangereuses, dans les gangs », explique le professionnel.
Une approche humaine et nuancée
Ce qui rend ce cours si marquant pour les étudiantes et étudiants, c’est la capacité du chargé de cours à vulgariser des notions complexes et à les ancrer dans des situations concrètes, inspirées du terrain. Le phénomène est abordé sans sensationnalisme, avec empathie et rigueur, pour mieux comprendre les dynamiques qui façonnent le quotidien de ces jeunes souvent en grande détresse.
Loin de se limiter à un simple exposé théorique, le cours aborde aussi l’impact psychologique de la sortie d’un gang, souvent sous-estimé, comme le précise René-André Brisebois : « Quitter un gang, c’est parfois perdre les seuls liens affectifs qu’on a connus. La jeune personne entre alors dans une période de vide et de vulnérabilité extrême. D’où l’importance d’un accompagnement structuré, bienveillant et multidisciplinaire. »
Former des intervenantes et intervenants outillés pour le terrain
Le certificat d'intervention auprès des jeunes est conçu pour celles et ceux qui souhaitent avoir un impact réel et positif dans la vie de jeunes en difficulté. Que vous soyez déjà dans le métier ou que vous envisagiez une réorientation professionnelle, ce programme vous offre plusieurs avantages :
- Une formation ancrée dans la réalité actuelle des jeunes, incluant des problématiques telles que la radicalisation, les dépendances, la violence ou encore la marginalisation.
- Des outils concrets et pratiques, que ce soit pour évaluer les besoins d’un jeune, intervenir en situation de crise, ou collaborer avec d’autres spécialistes.
- Une formule flexible, avec une majorité de cours en ligne, adaptée aux adultes en emploi ou en reconversion.
- Un corps enseignant actif sur le terrain, à l’instar de René-André Brisebois, qui enrichit l’enseignement de son expérience directe.
Une perspective globale : prévention, intervention et réinsertion
Le cours sur les gangs s’inscrit dans une vision globale de l’intervention. La prévention commence par la compréhension des facteurs de risque et de protection. Cela implique notamment de travailler avec les familles, les écoles, les milieux communautaires et les institutions pour offrir aux jeunes des alternatives tangibles et crédibles.
René-André Brisebois insiste aussi sur l’importance de la collaboration intersectorielle : « À Montréal, des partenariats émergent entre la police, la santé, le communautaire et le milieu correctionnel pour favoriser la réinsertion des jeunes. Ce sont ces modèles de collaboration qui permettent des interventions durables et cohérentes. » D’ailleurs, ce cours est également offert dans les certificats en criminologie, d’intervention en dépendances et d’études individualisées.
Tout au long de son enseignement, René-André Brisebois transmet une certitude : comprendre les jeunes, c’est d’abord leur donner une voix. « Derrière chaque geste violent, il y a souvent un cri non entendu. Derrière chaque adhésion à un gang, il y a un besoin profond qui n’a pas trouvé de réponse ailleurs. Apprendre à intervenir, c’est aussi apprendre à écouter. Mon rôle, c’est de former des personnes intervenantes capables d’écouter sans juger, d’agir avec intelligence et compassion, et de contribuer à bâtir des milieux plus sains. »
Pour en savoir plus sur le cours JES 2015Z – Le phénomène des gangs
Pour en savoir plus sur le certificat d’intervention auprès des jeunes : fondements et pratiques