Arrivée de son Portugal natal sans parler le français, Flavia Cerqueira était loin d’imaginer qu’elle étudierait un jour à l’Université de Montréal. Six ans plus tard, elle parle couramment la langue de Molière, poursuit un baccalauréat par cumul à la Faculté de l’apprentissage continu (FAC) de l’Université de Montréal et retrouve une carrière dans son domaine professionnel d’origine. Une histoire d’ambition et de détermination portée par une soif d’apprendre.
En 2019, Flavia décide de tout quitter pour rejoindre son frère installé au Québec depuis trois ans. Un nouveau départ loin de chez elle, dans une langue qu’elle ne parle pas. « Je ne connaissais pas du tout le français. C’était difficile de trouver du travail, et encore plus dans mon domaine. » Son domaine ? Celui de la santé et de la sécurité du travail.
Plutôt que de se décourager, elle participe au programme d’apprentissage du français proposé par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Pendant un an et demi, elle suit des cours intensifs. « C’était dur de s’y rendre quatre heures par jour en soirée, du lundi au vendredi. C’est comme retourner à l’école pour les tout-petits », dit-elle en riant. Les débuts sont exigeants, parfois même décourageants. « C’est toujours compliqué de parler une nouvelle langue au quotidien. Ce n’est pas naturel et on a l’impression de perdre un peu sa personnalité. C’est ce que je ressentais en tout cas. » Flavia s’accroche. Jour après jour, mot après mot, elle s’approprie la langue. Six ans plus tard, elle parle un français impeccable.
Étudier à nouveau, autrement
Avant son départ pour le Québec, Flavia avait entrepris un baccalauréat au Portugal. Une fois arrivée en terre montréalaise, et en attendant d’obtenir sa résidence permanente, elle accumule les expériences professionnelles, découvre la culture québécoise, apprend le français et prépare son grand retour à l’université. Quelques années plus tard, le Saint Graal arrive. « Je me souviens, le 14 novembre 2023, je recevais ma résidence permanente et le 15 novembre, je m’inscrivais à l’université », s’exclame-t-elle avec le sourire.
Elle choisit le certificat de santé et sécurité du travail de la FAC. Une évidence pour Flavia qui souhaite renouer avec son domaine professionnel d’origine, dans une approche adaptée à sa nouvelle vie au Québec. « En y réfléchissant bien, je me suis dit qu’un cursus de baccalauréat traditionnel, donc au minimum 3 ans à temps plein, de jour n’était pas possible, car je ne pourrais pas travailler comme je le voudrais. » Les formations offertes en ligne et en soirée à la FAC font toute la différence. Cette flexibilité lui permet d’étudier tout en travaillant, sans devoir choisir entre carrière et formation. « J’adore, tout simplement. En tant qu’employée, c’est super pratique. Je ne sais pas comment je ferais sinon. C’est une chance d’avoir des cours le soir ou la fin de semaine, explique-t-elle. Ce que j’aime à la Faculté, c’est que tout est pensé pour les adultes. Le corps enseignant comprend notre réalité, et nos horaires parfois chargés. C’est motivant, parce qu’on sent que nos efforts sont compris et valorisés. »
Quand l’intelligence artificielle entre en scène
Une fois son premier certificat en poche, Flavia décide d’aller plus loin. En janvier 2025, elle entame le certificat en intelligence artificielle au travail : utilisation responsable, toujours à la FAC. Un choix audacieux, motivé à la fois par la curiosité et le désir de mieux comprendre les outils qui transforment son milieu. « J’ai commencé à utiliser ChatGPT, mais de façon plutôt basique, explique-t-elle. Comme ni le français ni l’anglais ne sont mes langues maternelles, je me suis dit que ce certificat allait m’aider à l’utiliser de façon plus intelligente. »
L’idée s’avère excellente. Dans son quotidien professionnel, Flavia rédige de nombreux rapports. L’IA devient un précieux soutien linguistique, un outil de confiance. « Comme je ne maîtrise pas totalement le français, ça me permet de développer ce que je souhaite expliquer », confie-t-elle en toute modestie. Certes, l’IA peut être un outil idéal pour réviser des textes, améliorer la clarté des courriels ou encore vérifier la cohérence des analyses, toutefois, Flavia opère toujours avec prudence. « Je fais très attention à ne pas inclure de données personnelles. C’est essentiel. » Ironie du sort, Flavia qui apprenait récemment à s’en servir forme désormais ses collègues dans l’utilisation responsable de l’outil. « Il m’arrive de leur donner des conseils », dit-elle. Connaissances aussitôt acquises, aussitôt applicables.
Les études en intelligence artificielle ont aussi éveillé en elle une réflexion sur les enjeux éthiques et environnementaux des technologies. « Je suis surprise par tout ce qu’on peut faire avec l’IA. On ne pense pas tout de suite à la consommation énergétique ou à l’impact environnemental des outils numériques, mais c’est énorme. »
Apprendre, comprendre, se dépasser
Son prochain objectif est d’approfondir ses compétences en gestion. Flavia personnalise davantage son parcours et choisit le certificat d’études individualisées ès sciences, concentration management à HEC Montréal. « Le programme initial que j’avais choisi était majoritairement en présentiel et se donnait le jour. Comme je travaille, ce n’était pas possible. J’ai choisi un certificat plus flexible. »
Avec ce nouveau segment, elle prévoit obtenir son baccalauréat par cumul d’ici 2027. Une perspective qui la rend fière, mais surtout reconnaissante. « J’ai eu la chance d’étudier à nouveau, de le faire à mon rythme, et de construire un diplôme sur mesure. C’est un luxe que peu de systèmes éducatifs offrent. »
Une intégration à son image : déterminée et souriante
Depuis quelques mois, Flavia travaille à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) en soutien aux conseillères en prévention. « J’analyse les accidents de travail, les causes, les récurrences et je cherche comment améliorer les pratiques. Je rédige aussi des rapports. C’est un travail minutieux, mais passionnant. »
Lorsqu’elle regarde le chemin parcouru, elle sourit. « Lors de mon premier cours à l’université, je pensais que le mot « pantoute » était un mot technique, comme « échafaudage » et je ne comprenais pas », se souvient-elle, non sans en esquisser un sourire désormais. La petite anecdote résume bien l’esprit de son parcours, de la perplexité à la maîtrise, toujours avec humour et décomplexion. Désormais, elle pense, écrit et rêve même en français. Quand elle rentre au Portugal pour voir sa famille, c’est le français qui lui vient naturellement… au moins pendant les premiers jours.
À celles et ceux qui hésitent à reprendre leurs études, Flavia n’a qu’un conseil. « Foncez ! Ce n’est pas toujours facile, surtout avec la barrière de la langue, mais tant qu’on garde notre objectif en tête, tout devient possible. Parfois, quand c’est plus compliqué, la récompense a encore une meilleure saveur. » Avec de la volonté, une formation adaptée et un brin de persévérance, il est possible de retrouver sa carrière, d’élargir ses horizons et de s’épanouir dans une nouvelle langue. Parce qu’à la FAC, l’intelligence n’est pas qu’artificielle, elle est aussi résolument humaine.
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